Le mardi 19 septembre, au Lycée professionnel de la Champagne à Vitré, sept candidats s’affrontent pour décrocher leur place aux sélections régionales de la Compétition des Métiers. Trois d'entre eux se rendront à Saint-Brieuc du 29 au 31 janvier, dans l’espoir de décrocher la médaille d’or.
Pour la plupart, il s’agit d’une première participation. Seul Benjamin Chatelain, étudiant chez les Compagnons du devoir, a déjà pris part à la précédente édition. Il avait remporté la médaille d’or lors de la sélection régionale et s’était classé 10e à la Compétition Nationale.
« J’ai apprécié remettre un pied dans la compétition. On a pu travailler toutes les matières, de la bouteille de mélange en acier à la maquette avec du cuivre et du PVC.»
Une épreuve en trois temps
Les candidats disposent d’une journée pour réaliser une épreuve en trois étapes, évaluée à la fois sur le rendu final et l’organisation tout au long de la réalisation.
La première épreuve consiste à analyser un schéma hydraulique afin d’évaluer leurs connaissances théoriques. Un schéma hydraulique représente le réseau de tuyauteries, les composants et appareils d’un système hydraulique (comme ceux d’un chauffage, d’une plomberie, ou d’un système de distribution d’eau). Il illustre la circulation du fluide à travers le système et les éléments comme les vannes, les pompes, les tuyaux, les réservoirs, etc.
Dans la deuxième épreuve, les candidats doivent travailler l’acier et fabriquer une bouteille de casse-pression, un dispositif essentiel dans les systèmes de chauffage et de plomberie. Cette bouteille permet de réguler la pression dans des installations comme les chaudières, souvent sous forme de vase d’expansion, pour éviter les variations excessives de pression. Ils devront souder deux éléments pour réaliser cette pièce.
Enfin, pour la troisième épreuve, les candidats sont confrontés à la manipulation du cuivre. Munis de deux tuyaux de 1m40, ils doivent réaliser des « chapeaux de gendarmes ».
Chapeaux de gendarmes, késako ? Ces pièces, en forme de cône, servent à contourner une canalisation ou à protéger une conduite, notamment dans les systèmes d’évacuation des eaux. Leur nom provient de la forme rappelant celle du képi porté par les gendarmes. Aucune erreur n'est permise, les candidats ne disposent que des deux tuyaux fournis pour l’épreuve.
L’acier : une épreuve plus technique
Certains candidats ont rencontré plus de difficultés sur cette seconde épreuve. Pour Moussa Camara et Gaëtan Meyer, étudiants au CFA de Plérin, travailler l’acier était une première. « Ça a été une expérience, j’ai donné le meilleur » nous dit Moussa. Pour Gaëtan « la pièce en cuivre était assez simple. Le dilemme c’était l’acier car je commence l’apprentissage en plomberie et je n’ai toujours pas fait de l’acier. J’ai fait deux ou trois petites soudures mais rien à voir avec aujourd’hui. Tout ce qui est piquage, à bords relevés tout ça. Dans tous les cas je suis content, mais on verra bien. »
Nolan Rodrigue, en BP Chauffage au CFA de Plérin également, précise « La difficulté principale c’était l’acier, les piquages particulièrement. »
Même chose pour Badel Tenesokujo, en terminale Bac pro au lycée Eugène Fressenay à Saint-Brieuc, « pareil, j’ai rencontré un peu de difficultés au niveau de l’acier après pour le reste, je pense que ça va. »
Nicolas, un formateur du CFA de Plérin qui accompagne certains candidats, leur indique à la fin : « Vous mettez trop forts vos chalumeaux, n’utilisez pas tant d’oxygène ! »
Un métier en constante évolution
Comme beaucoup de métiers, le métier de plombier chauffagiste est un métier qui évolue sans cesse. Les matériaux utilisés ne sont plus les mêmes. Ces dernières années, le plastique PE se retrouve sur tous les chantiers. L’organisation évolue aussi. La course à la productivité impacte aussi les métiers de la construction : il faut faire toujours plus vite.
Le métier de plombier chauffagiste nécessite de plus en plus de connaissances en électricité. C’est d’ailleurs au programme du cursus des candidats présents ce jour. Chauffe-eau, chaudière... plusieurs éléments nécessitent un raccord au réseau électrique.
D’ailleurs, les attentes de la Compétition des Métiers s’éloignent parfois de la réalité du terrain en entreprise. Alban a l'habitude de travailler l’acier en entreprise mais il indique « ne jamais faire de façonnage comme ça. En entreprise, on fait des coudes à braser, c’est plus rapide ». Même constat pour Nolan « j’ai fait des piquages en entreprise et au CFA mais j’en ai appris d’autres. Là c’étaient des piquages à bords relevés et je n’avais jamais appris à en faire ».
Une journée riche en émotions
16h : Le verdict est imminent. Stéphane Delaroche, l’expert en Plomberie-Chauffage, annonce la fin de l’épreuve. Les sept candidats, concentrés mais fatigués, déposent leurs réalisations. Benjamin est mitigé « J’aurais pu faire mieux, j’aurais pu plus bosser cet après-midi, je me suis un peu laissé aller parce que je pensais être en avance et finalement j’ai fini dans le rouge à la fin de la journée. »
Pour Badel, l'expérience a été enrichissante « c’était un plaisir de partager ce moment avec de belles personnes. Et puis je me suis rendu compte qu’il fallait que je m’améliore encore ».
De son côté, Nolan, qui n’a pas réussi à terminer l’épreuve de l’acier ni celle du cuivre, est « un peu déçu », mais reste positif. « Je suis déçu de ne pas avoir fini, mais je suis quand même satisfait de cette journée. »
Les trois heureux élus, Benjamin Chatelain, Noa Baude et Alban Soyer, peuvent souffler : ils sont qualifiés pour les sélections régionales ! Prochaine étape : viser la médaille d'or en janvier et se qualifier pour les épreuves nationales. On leur souhaite bonne chance !
Un grand bravo à tous les participants pour cette journée de pré-sélection et pour leur travail.