Lundi 4 novembre à la Chambre des Métiers et de l’Artisanat de Quimper
Il est 9 heures, les six candidates se préparent pour débuter l’épreuve. Elles viennent de toute la Bretagne et s’apprêtent à mettre en avant leurs compétences pour décrocher leurs places pour les sélections régionales de la Compétition des Métiers en coiffure. Parmi elles, Jade Trouillard et Coline Letellier.
Jade, âgée de 19 ans, est en première année de Brevet de Maîtrise au CFA de Ploufragan. C’est la deuxième fois qu’elle participe à cette aventure. En 2023, elle obtient la troisième place lors des sélections régionales en Bretagne et remet son titre en jeu cette année. Pour Jade, s'engager dans la Compétition des Métiers offre de nombreuses opportunités : « Ce qui m’a donné envie de me lancer dans l’aventure Worldskills, ce sont les portes que cela peut ouvrir. On réalise des choses que l’on n’a pas l’habitude de faire en salon, par manque de temps. En salon, une coiffure il faut la réaliser en une demi-heure, on ne peut pas réaliser des choses comme aujourd’hui. Là, on a le temps d’innover, d’aller plus loin. »
De son côté, Coline Letellier, qui suit un Brevet Professionnel à Bruz tout en travaillant à Redon, a été encouragée par ses professeurs à se lancer. Pour elle, c’est l’occasion de se faire connaître et évoluer : « Je ne sais pas encore exactement vers quel domaine je vais me diriger, mais l’événementiel, les défilés et les concours m’attirent. »
Marie Langlais : de candidate à experte
Les candidates peuvent compter sur le soutien de Marie Langlais, ancienne participante et médaillée d’or des sélections régionales, nationales et internationales. Il y a deux ans, Marie était à leur place. Cette année, elle s’investit dans l’aventure en tant qu'experte.
Mais qu’est-ce qu'être experte dans cette compétition ? : « Être experte, c’est gérer toute l’organisation de A à Z : que ce soit l’organisation ou le déroulé de la journée. »
Tout au long de l’épreuve, Marie les conseille, répond à leurs questions, les tutoie, rassure les candidates, « être experte c’est aussi s’assurer que les candidates vont bien, que les jurées vont bien. C’est un tout, aussi bien pendant les pré-sélections que pour les sélections régionales en janvier. »
Son expérience de candidate lui permet de mieux comprendre les défis des participantes : « C’est une belle opportunité de transmettre ce que j’ai appris, et d’éviter de reproduire les petites erreurs qu’il y a pu avoir, pour que tout se passe au mieux. »
Elle témoigne de la pression des préparatifs : « Pour la pré-sélection, on a dû tout préparer très rapidement. Je suis à peine rentrée de la Compétition Internationale [la Compétition Worldskills internationale a eu lieu en septembre 2024] que j’ai endossé le rôle d’experte et monté tout très vite pour cette épreuve. Il n’y a jamais eu de pré-sélections avant en coiffure, c’est la première fois. Mais cela me permet de voir comment cela se passe aujourd’hui et de voir les choses que je vais pouvoir améliorer pour le régional, pour que ça se passe au mieux et que ce soit une belle compétition pour elles. »
À seulement 22 ans, Marie Langlais, championne du monde WorldSkills, continue de nourrir de grands projets. « Je viens d’ouvrir ma micro-entreprise. Je propose des prestations notamment pour de l’événementiel, des shootings, des défilés. » Elle est également devenue formatrice pour les professionnels qui souhaitent perfectionner leurs techniques et améliorer leur savoir-faire.
Son conseil aux candidates : « Donnez le meilleur de vous-mêmes ! Vous n’avez rien à perdre, tout à gagner. »
Coupe masculine, coupe féminine, chignon de mariée : trois épreuves pour départager les candidates
Les candidates ont toute la journée pour réaliser les trois épreuves qui les départageront : une coupe masculine, une coupe féminine selon des modèles tirés au sort, puis un chignon de mariée à élaborer l’après-midi. Après le tirage au sort, les participantes disposent de 15 minutes pour analyser leur sujet, puis 1h15 pour réaliser la coupe (1h30 pour le chignon de mariée). Elles sont jugées sur le rendu final, mais aussi sur leurs gestes techniques, la propreté de leur poste de travail, la désinfestation des produits utilisés..., les jurées les observent durant la totalité de l’épreuve.
Couper, coiffer, soigner et colorer les cheveux des hommes, des femmes et des enfants à domicile, dans un salon de coiffure ou sur un plateau de tournage, pour la télévision ou le cinéma, les candidates doivent se montrer polyvalentes et capables de répondre à toutes les exigences de la Compétition.
Pour ces sélections, pas de modèles vivants : les candidates travaillent sur des têtes de mannequins. Ces têtes peuvent coûter entre 50€ et plus de 160€, sans compter la TVA, un coût qui peut être un frein pour certaines candidates. Jade Trouillard explique comment elle s’est préparée grâce à une collègue du salon Jean-Louis David de Loudéac, où elle effectue son alternance : « J’ai une collègue qui m’aide énormément. On a tout développé au niveau des coupes, c’est comme ça que j’ai beaucoup travaillé. Je ne me suis pratiquement pas entraînée sur des modèles réels, mais j’ai beaucoup révisé la théorie, pour voir comment placer mes mains, comment faire. Le chignon c’est différent, ça demande de l’entraînement, c’est en pratiquant que ça devient de plus en plus naturel. »
Le chignon de mariée, une épreuve plus technique ?
Les candidates doivent respecter plusieurs contraintes pour le chignon de mariée : volume asymétrique et présence d’au moins une boucle visible. Mais est-ce l’épreuve la plus technique ? Selon Jade, « à la fois oui et non. Oui car il faut que ce soit parfait, qu'il n’y ait pas un cheveu qui dépasse. Mais en même temps non. Les coupes, du fait que ce soit tiré au sort et qu’il faut que ce soit à l’identique de la photo, ça demande plus de concentration. On n’a pas le choix. Le chignon, si une mèche n’est pas comme il faut, je peux la changer de place, ça ne se verra pas tandis que la coupe, c’est différent, c’est coupé. »
Le stress à l’attente des résultats
À la fin de la journée, quatre des six candidates seront retenues pour participer aux épreuves régionales à Saint-Brieuc, en janvier. Face à elle, trois juges les observent et délibèrent après chaque épreuve.
Après l’épreuve, Jade et Coline partagent leurs impressions. Jade se dit très satisfaite de sa prestation : « Je suis très très contente de ce que j’ai réalisé, maintenant on verra les résultats. » Pour Coline, « C’était stressant, comme pour tout le monde, mais je suis contente de l'avoir fait. On n’est jamais entièrement satisfait de ce que l’on fait, il y a toujours des détails mais je ne suis pas déçue ! »
Après 30 minutes de délibérations, les jurés annoncent les résultats : Jade Trouillard, Emma Nicolas, Fiona Drouart et Clara Collard sont les quatre candidates sélectionnées pour participer aux sélections régionales de la Compétition des Métiers.
Un message d’espoir pour les non-sélectionnées
Malgré leur non-sélection, Coline et sa camarade n'ont pas à être déçues. Comme le souligne Marie : « Il ne faut pas avoir de regrets, elles ont déjà eu l’opportunité de venir là, de se présenter à cette compétition. Tout le monde ne le fait pas, il faut déjà avoir l’envie et je trouve ça beau. »
Et rappelons-le, les candidates peuvent se présenter à la Compétition des Métiers jusqu’à leur 23 ans. Marie a d'ailleurs retenté sa chance une deuxième fois pour obtenir son titre actuel. En 2022, elle avait obtenu la médaille d’excellence aux sélections nationales mais n’avait pas pu participer à la compétition internationale. Cela ne l’a pas arrêtée pour devenir championne l’année suivante !
Représenter la Bretagne, un honneur
Marie se souvient avec émotion de ses premières compétitions : « C’est beau, je me souviens des compétitions nationales, on est tous arrivés avec notre drapeau Breton, on est trop fiers. On a envie de tout donner pour montrer que la Bretagne est là, on se bat et on donne tout ! »
--> Rendez-vous du 29 au 31 janvier au Parc des Expositions de Saint-Brieuc pour vivre en direct la Compétition des Métiers. Entrée gratuite sur inscription. Plus d’informations sur le site de la Compétition des Métiers.