Article Peinture auto | La Compétition des Métiers

Peinture automobile : un défi de taille pour ces trois candidats

Les 9 et 10 janvier, la Chambre de Métiers et de l’Artisanat de Dinan-Aucaleuc a accueilli les épreuves régionales de la Compétition des Métiers dans la catégorie Peinture automobile. Huit modules techniques, un temps de préparation serré et un défi de concentration : seul l’un des trois candidats sera qualifié pour les WorldSkills à Marseille en octobre.  


L’épreuve : un enchaînement de défis techniques 

Les candidats se sont confrontés à une série de huit exercices demandant à la fois précision, rapidité et habileté. Parmi les modules, on retrouvait un spot repair pour réparer une rayure de 3 cm sur une aile métallique sans utiliser de mastic, un raccord peinture noyé sur une porte prépeinte, une décoration de surface sur une porte, un exercice de colorimétrie pour choisir la bonne teinte parmi 5 similaires, un masquage d’éléments d’un côté de voiture, la technique du mouillée sur mouillée, ou encore un poli-lustrage pour corriger deux défauts.  

Enzo, étudiant en CAP Peinture au CMA de Dinan-Aucaleuc, partage son ressenti : « La décoration a été l'exercice le plus difficile pour moi. Il faut être minutieux et chercher la perfection. Ce ne sont pas des choses qu’on a l’habitude de faire en entreprise, les clients veulent juste une porte noire, ils demandent rarement une décoration avec un éclair dessus par exemple ! » 

Pour l’un des modules, les candidats travaillent dans une cabine de peinture conçue pour créer un environnement contrôlé. La température et l'humidité y sont régulées afin de garantir une application optimale de la peinture : 

    • Température à 23°C : C'est la température idéale pour éviter que la poussière ne se dépose sur la surface fraîchement peinte. À cette température, la peinture sèche correctement et uniformément.
    • Chauffage final à 60°C : Une fois la peinture appliquée, les véhicules sont souvent placés dans une sèche-cabine où la température est montée à environ 60°C. Cela permet de durcir la peinture plus rapidement, en assurant un fini lisse et solide. 
       

Le saviez-vous ? Il existe des milliers de références de peinture de gris différentes, allant des tons clairs aux plus sombres. Chaque constructeur automobile a son propre numéro de référence pour chaque nuance. Par exemple, un constructeur peut avoir plusieurs dizaines de références de gris dans sa gamme, et il appartient au peintre de trouver celle qui correspond exactement à la demande. C’était sur cet exercice qu’étaient évalués les candidats lors de l’épreuve de colorimétrie. 

 
Un mental d’acier face à la pression 

Cette journée challenge les candidats, il leur faut garder leur sang-froid et bien gérer leurs temps. Les huit modules varient entre 15 minutes et 2 heures. Il faut les enchaîner sans faillir, ne pas se laisser déstabiliser par la fatigue ni les imprévus, et surtout maintenir la qualité du travail, car un simple défaut pourrait coûter cher en termes de points et de qualifications.  

Le stress fait partie du jeu. Ewen, étudiant en Certificat de qualification professionnelle Peinture automobile au CFA de Dinan-Aucaleuc, raconte sa propre expérience : « Sur le coup, avec le stress et tout, je ne veux pas dire que j'ai perdu mes moyens un petit peu, mais je ne suis pas allé au maximum de ma performance. Je pourrais faire mieux, on va dire. » 

Alexandre Martin, l’expert en peinture automobile, souligne que pour se démarquer, les candidats doivent parvenir à se focaliser sur l’épreuve entièrement : « À Bordeaux en 2022, pendant la finale nationale, un candidat était tellement concentré qu’il n’a pas remarqué tout le monde autour de lui. Quand il a levé les yeux, il a découvert qu'Emmanuel Macron était là, entouré de tous ses gardes du corps, et il ne s’en était pas rendu compte ! » 

Les candidats doivent également faire face à des défis logistiques, comme pour l’épreuve de masquage des éléments de la voiture, où ils doivent s'assurer de l'économie de leurs consommables. En peinture automobile, la gestion des matériaux est cruciale : « Un bon peintre, c’est un peintre économe », souligne Alexandre Martin. « Un litre de peinture coûte en moyenne 200€. L’objectif ici est de minimiser les erreurs tout en étant précis. » 

L’importance de l’entraînement et de la préparation 

Pour ces jeunes candidats, l’épreuve ne s’improvise pas. « Je pense qu'il faut s'entraîner beaucoup. Il y a une préparation à avoir, et il ne faut pas y aller les mains dans les poches. », déclare Ewen. L’entraînement intensif, en dehors des heures de cours, semble faire partie de la recette pour atteindre le niveau requis pour la compétition. Dorian Chull, également en Certificat de qualification professionnelle en carrosserie et peinture, insiste sur la nécessité de se préparer à gérer la pression du temps : « Si je vais aux nationales, il faudrait que je m'améliore beaucoup. Mais c'est que de la motivation. La gestion du temps a été difficile. C'est serré, il faut tout le temps courir, tout le temps être à fond. » 


Sous les yeux de Ronan Le Tutour, vice-champion mondial 

Les candidats ne sont pas seuls dans l’arène : Ronan Le Tutour, médaille d’argent aux WorldSkills International 2024, est là pour juger les performances. De compétiteur à juré, il observe les jeunes talents avec un œil aiguisé. « C’est intéressant de voir les erreurs que j’ai moi-même faites il y a deux ans », confie-t-il.  
Finalement, la Compétition des Métiers en peinture automobile n’est pas seulement une bataille pour le national : elle est aussi une étape décisive dans la carrière de ces jeunes talents. Les trois candidats, bien que conscients de la difficulté de l’épreuve, semblent déterminés à pousser leurs compétences au maximum. « Ça m'a tout de suite plu l'esprit de compétition parce que, montrer que tu sais faire, que tu maîtrises le truc, ça me plaît.  
 Ça ne coûte rien d'essayer et si on peut faire fière ses parents ou sa famille, c'est encore mieux », conclut Ewen. 


En attendant les résultats, tous s’accordent à dire qu’ils ont appris beaucoup de cette expérience. L’un d’entre eux, seul, ira représenter la région Bretagne à Marseille en octobre. Mais ce qui est certain, c’est qu'ils continueront à peaufiner leur technique pour exceller dans l’art de la peinture automobile, car, comme le rappelle Alexandre Martin : « La vie dans le métier d'artisanat c'est une succession d'emmerdes et faut savoir rebondir. »