Article Chaudronnerie | La Compétition des Métiers

Épreuve de chaudronnerie : qui sera le meilleur chaudronnier de Bretagne ?

16 et 17 janvier 2025 au lycée Colbert de Lorient, sept candidats, dix heures d’épreuve, une seule médaille d’or. La compétition des métiers WorldSkills en chaudronnerie a offert un spectacle de haute intensité, où précision, rapidité et stratégie étaient les maîtres-mots. Parmi les concurrents, deux anciens médaillés reviennent pour tenter de s’imposer : Saïg, le champion en titre de Bretagne et Corentin, arrivé quatrième en 2023. Saïg, étudiant en BTS Conception et Réalisation en Chaudronnerie Industrielle au lycée Vauban à Brest, Corentin, sur son tour de France avec les Compagnons du Devoir, et Charles-Armel, salariée chez Naval Group à Lorient, nous ont fait part de leurs ressentis. Tous ont un seul objectif : décrocher le titre et prouver qu’ils sont les meilleurs chaudronniers de la région. 

 

Objectif : les finales nationales à Marseille en octobre  

 

Contrairement à d’autres métiers des WorldSkills, la chaudronnerie ne bénéficie pas d’une épreuve internationale, faute de participants dans le monde. Mais cela n’enlève rien à l’intensité de cette compétition, où les candidats tentent de gagner leur place pour les épreuves nationales qui se dérouleront à Marseille du 16 au 18 octobre 2025. Contrairement à d’autres métiers, ils ont jusqu’à 23 ans pour tenter leur chance, contre 21 ans sinon. 

Charles-Armel, salarié chez Naval Group, en est bien conscient. À 23 ans, il joue sa dernière carte dans la compétition. « J'avais entendu parler de ça aux Compagnons déjà. J'avais déjà participé aux Meilleurs Apprentis de France, c'était une bonne expérience. Vu que c'est la dernière fois que je pouvais m'inscrire, j’ai voulu tenter le coup. » 

Ici, pas de place pour l’improvisation. Chaque candidat reçoit les plans et les pièces de métal déjà prédécoupées au laser. Leur mission ? Reproduire la pièce demandée en donnant forme à ces morceaux en utilisant l’ensemble des machines mises à leur disposition. Grâce à des gabarits, ils ajustent leurs pliages au millimètre près, évitant ainsi les erreurs fatales. 

Charles-Armel nous confie « pour la découverte du sujet, c'est similaire à celui de l'année dernière, donc j'ai pu m'entraîner sur la pièce de l’année dernière. » 

 

Une organisation millimétrée 

 

Pour éviter l’encombrement sur les machines, chaque concurrent travaille sur un élément différent avant de passer à un autre. Mais la véritable montée en pression survient dans les 2h30 finales, où tous doivent assembler leurs pièces. C’est là que se joue souvent la victoire. 

Saig, 19 ans, est un habitué de cette organisation stricte. Champion de Bretagne en titre, il sait que la compétition est rude. « La trémie et le coude sont les pièces qui posent le plus de difficultés », explique-t-il. Déjà qualifié pour les championnats de France l’année dernière, il revient avec une ambition claire : « Là, la deuxième fois, je me suis réinscrit pour tenter de retourner au France et de refaire une meilleure place. » 

Petit glossaire :  

  • La trémie est la structure en forme d'entonnoir, souvent utilisée dans l’industrie pour alimenter des machines ou des convoyeurs. En fabrication, sa conception exige une grande précision pour garantir un écoulement optimal des matériaux. 

  • Le coude est un élément de tuyauterie courbé, permettant de modifier la direction d’une canalisation. Il peut être roulé ou plié selon les besoins, et son angle doit être parfaitement ajusté pour assurer l’étanchéité et la continuité du flux. 

 

Quelques défis techniques

 

Cette année, un obstacle de taille : l’épaisseur d'une pièce. Les candidats ont l’habitude de manipuler du 2 mm, mais pour cette édition, ils doivent travailler sur du 3 mm, rendant le formage plus difficile. Saïg confie « c’est une pièce qu’on connaît plutôt bien, mais pas forcément avec les mêmes épaisseurs. Y’a toujours des petites choses qui changent. Ce ne sont pas des gros changements mais ça reste une nouvelle façon d’amener les choses. » 

Le jury ne laisse rien au hasard. Tout est évalué : respect des cotes, propreté des assemblages, finition visuelle. Mais comme le rappelle Nicolas Petitpas, ancien candidat devenu juré : « Pour gagner, il faut chercher les points. » Une stratégie gagnante consiste donc à repérer les étapes les plus rentables en points plutôt que de viser uniquement l’esthétique. 

Un bon exemple ? Le formage du coude. Plutôt que de découper la plaque en quatre morceaux avant de les rouler un par un, la méthode efficace consiste à passer la plaque entière à la rouleuse, puis à la découper ensuite. Un gain de temps précieux qui peut faire la différence. 

 

La chaudronnerie : un métier de passion et de polyvalence 

 

Naval, ferroviaire, industrie, agroalimentaire… Les chaudronniers sont partout. Experts en acier, aluminium, inox et même titane (bien que trop coûteux pour être courant), ces artisans allient technicité et adaptabilité. Mais au-delà des matériaux, c’est leur ingéniosité qui fait la différence. 

Corentin, lui, connaît bien cette polyvalence. Après un bac pro chez les Compagnons du Devoir, il poursuit un tour de France en chaudronnerie et revient tenter sa chance après une quatrième place frustrante. « Mon père a déjà participé aux Olympiades des métiers en tant que carrossier, alors j’en ai toujours entendu parler. J'étais déjà allé voir une compétition et ça m'avait plu. Cette année, il y a une bride en plus par rapport à l’année dernière et la trémie est très costaud, donc il faut vraiment l’appréhender comme il faut. » 

 

Suspense et précision : qui s’imposera ? 

 

Dans une discipline où chaque millimètre compte, les erreurs se paient cash. La tension est à son comble. Charles-Armel, Saig et Corentin sont des favoris, mais rien n’est joué. Qui réussira à maîtriser parfaitement les ajustements et les soudures ? Qui gérera le mieux la pression des dernières heures ? 

Charles-Armel conclue : « Que le meilleur gagne ! » 

Pour découvrir les lauréats de l’épreuve de Chaudronnerie, découvrez la page des résultats 2025.